Noémie Doge est née en 1983, elle a poussé dans les bois du Jorat et dévalé le val de Bagnes en robette à dentelle et Nike air max. De ses études à Amsterdam (Gerrit Rietveld Academie), entre 2004 et 2007, elle a conservé le goût hollandais de l’épure. Durant plusieurs années, elle s’intéresse à d’étranges matériaux – chambre à air, ballon de foot ou pomme de terre – qu’elle élève au rang de bijoux. En 2010, elle est invitée en résidence d’artiste à Cranbrook (Cranbrook Academy of Art), la cossue banlieue de Detroit. Elle y découvre des quartiers fantômes, le fleuve Huron et des forgeronnes. Entre 2012 et 2014, alors qu’elle étudie à Londres (Royal College of Art), la nostalgie des campagnes l’incite à une fréquentation assidue des paysagistes anglais de la Wallace Collection et de la National Gallery. Ils lui serviront de point de départ à l’élaboration d’une oeuvre plastique qui associe le dessin et la sculpture pour décrire un univers mental autant onirique que profondément ancré dans l’histoire de la peinture, et qui a conservé le goût scrupuleux de la minutie. Machines à regarder et paysages troublés sont depuis les principaux sujets d’un travail qui interroge la manière dont le regard modifie ou réinvente ce qu’il perçoit.