Ada or Ardor (1969),
Vladimir Nabokov, Vintage.
Lecture par Valeria Bertolotto,
samedi 1er octobre à 18 heures
Ada jeune fille de 12 ans passionnée de papillons et Van, 14 ans, vivent un amour charnel et passionné dans le parc et les forêts du château d’Ardis. S’entremêle une vie mondaine entourés de personnages extravagants dont Marina, actrice excentrique et mère de Ada et Démon, amant de Marina, homme oisif et père accidentel de Van.
“Van disparut dans les profondeurs du sous-bois. Il portait une chemise de soie, une veste de velours, une culotte noire et des bottes de cheval armées d’éperons astériformes. L’accoutrement n’était guère commode pour passer à travers les broussailles et franchir un ruisseau avant de rejoindre Ada dans un berceau de trembles, oeuvre de la nature. Ils s’étreignirent après quoi Ada dit : « Oui…pour ne pas oublier, voici la clé que nous utiliseront pour correspondre. Quand tu l’auras apprise par cœur, tu l’avaleras comme un brave petit espion.
-Poste restante, dans les deux sens. Et je veux pas moins de trois lettres par semaines, ma blanche aimée. »
Il la voyait pour la première fois dans cette jupe de lumière presque aussi vaporeuse qu’une chemise de nuit. Elle avait tressé sa chevelure et Van dit qu’elle ressemblait au jeune soprano Maria Kousnetsova dans la scène de la lettre d’Onéguine et Olga, l’opéra de Tchtchaïkov.
Ada qui faisait tout son féminin possible pour contenir et travestir ses sanglots, les transformant en autant d’exclamations émotives, désigna du doigt quelques maudit insecte qui s’était posé sur l’écorce d’un tremble.p.218
Van mit ses lunettes de soleil fumées et regarda Lucette qui était déjà debout sur le plongeoir, ses côtes encadrant le creux formé par une brusque inspiration, alors qu’elle s’apprêtait à ardre dans l’ambre. Il se demanda, dans une note de bas de page mentale (qui pourrait bien devenir un jour accessible au public) si les lunettes de soleil et autres appareils de vision qui déforment à coup sûr notre concept de l’espace n’influençait pas aussi le style de notre discours. Les deux fillettes bien tournées, la nounou, le triton titillé, le magister natatorium, tous regardaient, comme Van.” p. 622