Ce que j’appelle oubli (2017)
Laurent Mauvignier (Minuit).
Lecture par Joëlle Fontannaz
dimanche 14 octobre à 18 heures
Ecrit en une seule phrase de 62 pages, Ce que j’appelle oubli retrace le violent faits-divers survenu à Lyon en 2009. Quatre vigiles vont mettre à mort un jeune homme, surpris en train de boire une canette de bière dans un supermarché. Par incises, digressions, changements de ton, le narrateur tente de reconstituer ce qui s’est passé tant dans la tête des quatre securitas que dans celle de la victime.
“(…) ils se sont arrêtés devant lui et c’était très silencieux, tous, ils étaient plutôt lents et froides quand ils l’ont encerclé et il n’a pas eu un mot pour contester ou nier car, oui il avait bu une canette et aurait pu les remercier de la lui avoir laissé finir, il n’a pas dit un mot et dans ses yeux il a laissé le jeu ouvert de la peur mais c’est tout, tu comprends, il avait juste envie d’une bière, tu sais ce que c’est l’envie d’une bière, il voulait rafraîchir sa gorge et enlever ce goût de poussière qu’elle avait et qui ne le lâchait pas, va savoir , un jour comme aujourd’hui, un parès-midi où la lumière était blanche comme une lame de couteau brillant sous un néon dans une cuisine – il s’est souvenu (…)”
p 8 – 9