La Fille aux yeux d’or (1835)
Honoré de Balzac (Le Livre de Poche)
Lecture par Monica Budde
samedi 13 juin à 18 heures
La Fille aux yeux d’or débute par une longue description caustique de Paris et de parisiens hauts en couleurs.
L’un d’eux, le comte Henri de Marsay, un dandy désoeuvré, aperçoit lors d’une promenade au jardin des Tuileries une splendide jeune fille.
Séducteur forcené, il use de de stratégies les plus folles pour la rencontrer.
Cette femme mystérieuse finira par s’abandonner à cet homme qu’elle croit sincère, signant par ce geste la fin de l’innocence et un dénouement tragique.
“Chère Paquita, je n’essaierai pas de vous peindre, par des paroles, la passion que vous m’avez inspirée. Si, pour mon bonheur, vous le partagez, sachez que j’ai trouvé les moyens de correspondre avec vous. Je me nomme Adolphe de Gouges, et demeure rue de l’Université no 54. Si vous êtes trop surveillée pour m’écrire, si vous n’avez ni papier ni plumes, je le saurai par votre silence. Donc, si demain, de huit heures du matin à dix heures du soir, vous n’avez pas jeté de lettre par-dessus le mur de votre jardin dans celui du baron de Nucingen, où l’on attendra pendant toute la journée, un homme qui m’est entièrement dévoué vous glissera par-dessus le mur, au bout d’une corde, deux flacons, à dix heures du matin, le lendemain. Soyez à vous promener à ce moment-là, l’un des deux flacons contiendra de l’opium pour endormir votre Argus, il suffira de lui en donner six gouttes. L’autre contiendra de l’encre. Le flacon à l’encre est taillé, l’autre uni. Tous deux sont assez plats pour que vous puissiez les cacher dans votre corset. Tout ce que j’ai fait déjà pour correspondre avec vous doit vous dire combien je vous aime. Si vous en doutiez, je vous avoue que, pour obtenir un rendez-vous d’une heure, je donnerais ma vie.” Honoré de Balzac, La Fille aux yeux d’or, Folio p.103-104