Le ceneri di Gramsci (1954),
Pier Paolo Pasolini, Poésie/Gallimard.
Lecture par Valerio Scamuffa
dimanche 4 juin à 19 heures
Antonio Gramsci, philosophe, écrivain et membre fondateur du parti communiste est emprisonné par le régime mussolinien en 1927. Il meurt à sa sortie de prison 10 ans plus tard.
Dans les six poèmes qui constituent les Cendres de Gramsci, Pasolini s’adresse directement à Gramsci et lui rend hommage : “Je sens quel fut ton tort/ – ici, dans le repos des tombes – et en même temps/ combien tu eus raison – en notre inquiet / destin – d’écrire tes ultimes / pages pendant les jours de ton assassinat.”
Il lui confie les tensions qui l’habitent : ” Je vis sans rien vouloir, / en cet après-guerre évanoui : aimant / ce monde que je hais
Pauvre parmi les pauvres, je m’attache, / comme eux, à d’humiliantes espérances, / et, comme eux, je lutte pour vivre / jour après jour.”
Et puis revient, dans un dernier poème à la douceur d’un soir, dans le quartier du Testaccio : “La vie est bruissement, et ces gens qui / s’y perdent sans nul regret, /puisqu’elle emplit leur cœur.”
“Est-il de mai, cet air impur
qui rend ce noir jardin étranger
plus noir encore, ou l’éblouit
d’aveugles éclaircies… ce ciel
d’écumes au-dessus des ocres terrasses
dont l’amphithéâtre immense masque
les méandres du Tibre, les monts
bleus du Latium… C’est une paix
mortelle, et résignée, tout comme nos destins,
que verse en ces vieux murs ce mois de mai
d’automne. Il porte en lui la grisaille du monde,
la fin des dix années au bout desquelles il semble
que les ruines aient engloutis le naïf
et profond effort de changer la vie ;
le silence, humide et vain…
Non è di maggio questa impura aria
che il buio giardino straniero
fa ancora più buio , o l’abbaglia
con cieche schiarite… questo cielo
di bave sopra gli attici giallini
che in semicerchi immensi fanno velo
alle curve del Tevere, ai turchini
monti di Lazio… Spande una mortale
pace, disamorata come i nostri destini,
tra le vecchie muraglie l’autounnale
maggio. In esso c’è il grigiore del mondo
la fine del decennio in cui ci appare
tra le macerie finito il profondo
e ingenuo sforzo di rifare la vita ;
il silenzio, fradicio e infecondo…”
poème I