Maîtres anciens – Comédie
Thomas Bernhard

Lecture par Valérie Liengme
Dimanche 27 août à 17h

Atzbacher, le narrateur, a rendez-vous avec Reger, un vieux critique musical au Musée d’art ancien de Vienne. Chaque jour depuis plus de 30 ans, ce dernier occupe, avec la complicité du gardien du Musée, la banquette de la salle Bordone face à « L’homme à la barbe blanche » de Tintoret.
Dans une longue diatribe, Thomas Bernhard, par la voix de Reger, pousse à l’extrême ses réflexions corrosives sur la peinture, la musique, la littérature, la philosophie, la famille, la religion catholique, la saleté de Vienne et des Viennois ….
Rien ni personne n’échappe à sa verve dans ce joyeux jeu de massacre.

« Reger aime le brouillard et l’obscurité, il fuit la lumière, et c’est d’ailleurs pourquoi il va au Musée d’art ancien et c’est pourquoi il va aussi à l’Ambassador, car il fait tout aussi sombre dans le Musée d’art ancien qu’à l’Ambassador et, alors que le matin dans le Musée d’art ancien, il peut jouir de la température idéale de dix-huit degrés centigrades, il jouit de la température d’après-midi idéale pour lui de vingt-trois degrés centigrades à l’Ambassador, abstraction faite de toutes les autres choses qui lui sont favorables, d’une part au Musée d’art ancien, d’autre part à l’Ambassador, auxquelles il dit il attache du prix. Dans le Musée d’art ancien le soleil ne peut pas plus pénétrer que dans l’Ambassador, cela lui convient car il n’aime pas le rayonnement du soleil. Il évite le soleil, il ne fuit rien tant que le soleil. Je déteste le soleil, vous savez, je déteste le soleil plus que tout au monde, dit-il. (…) »

Maîtres anciens – Comédie – Thomas Bernhard – Gallimard p. 73