Un bref instant de splendeur
Ocean Vuong

Lecture par Boris Degex
dimanche 1er septembre à 18h

Un fils, Ocean Vuong, écrit à sa mère une lettre qu’elle ne lira jamais. Née d’une paysanne vietnamienne et d’un soldat américain, elle est analphabète, parle à peine anglais et travaille dans un salon de manucure aux Etats-Unis. Elle est le produit d’une guerre oubliée. Refusant le silence, son fils retrace leur histoire familiale: sa grand-mère traumatisée par les bombes, les coups de sa mère contre son corps d’enfant mais aussi son puissant amour maternelle, son premier amour et son homosexualité.

“J’ai vingt-huit ans, je fais 1,63 m, 51 kg. Je suis beau vu sous trois angles exactement, et sinistre partout ailleurs. Je t’écris de l’intérieur d’un corps qui autrefois t’appartenait. Autrement dit, je t’écris en tant que fils.
Si nous avons de la chance, le dernier mot de la sentence peut devenir notre commencement. Si nous avons de la chance, quelque chose se transmet, un autre alphabet inscrit dans le sang, les tendons et les neurones : des ancêtres chargeant les membres de leur espèce de cet élan silencieux qui les propulse vers le sud, vers l’endroit du récit auquel personne n’était censé survivre.”

Ocean Vuong, Un bref instant de splendeur, p. 24-25