Plan B (1983)
Chester Himes, Folio
Lecture par Aurélien Patouillard,
samedi 20 janvier à 17 heures
Ecrit quelques années après la révolte des ghettos noirs dans les années soixante, Chester Himes verse ici dans une littérature du désespoir où la violence deviendrait l’ultime arme pour mener le combat en faveur de l’égalité des droits.
Plan B, décrit l’organisation minutieuse d’un projet visant à massacrer tous les blancs. La culpabilité des Blancs laisse vite la place à la peur, à la suspicion, et finalement à la colère. La répression du pouvoir américain est aveugle et encore plus meurtrière. Une effroyable guérilla oppose les communautés noire et blanche. Tandis que l’apocalypse s’abat sur les Etats-Unis.
« Nul ne peut imaginer à quoi ressemble la Huitième Avenue au mois d’août s’il n’y a jamais mis les pieds. D’abord, aucun des habitants n’est parti en vacances, ni à la mer, ni à la montagne, comme le font la plupart des autres New-Yorkais. En fait, personne dans ce quartier n’a jamais songé à partir en vacances, pas même dans ses rêves les plus débridés. Des téméraires ont peut-être eu l’audace de pousser un jour jusqu’à Coney Island, quelques jeunes fous en somme. Le quartier dans son ensemble s’installe tout bonnement dans la crasse et y suffoque tout l’été, sans répit.
Dehors c’est la même chose que dedans, la nuit c’est comme le jour. La chaleur pompe toute l’énergie des corps puants et suants, elle fait s’évaporer toute volonté de bouger ou de réagir (si tant est qu’on y puisse quelque chose). Il n’est de salut que dans l’acool et la drogue. Ça c’est possible, c’est facile. On y sombre corps et âme. »
p. 53-54